Présidentielles de 2011:L’électorat religieux fortement courtisé

Publié le par Vitalp

Les états-majors des formations politiques ne manquent désormais aucune occasion pour montrer leur solidarité avec les confessions religieuses. Chaque évènement religieux reste en effet prisé par les candidats sérieux aux présidentielles de 2011, pour prouver leur attachement à la chose sacrée. Ceci avec intérêt, puisque la religion constitue par nature, une institution de mobilisation des masses et de remodelage de conscience.


Les offices et autres cérémonies religieux au Bénin deviennent de plus en plus des aires de meeting électoral. Cette remarque est d’autant vraie que les leaders politiques y multiplient leur présence en cette veille de joutes électorales. Une remarque qui souligne aussi l’importance de la religion au sein des populations béninoises. On peut avouer sans se tromper, qu’elle reste l’un des instruments les plus influents récupérés par les politiques pour peaufiner leur stratégie de conquête du pouvoir d’Etat. Les confessions religieuses regroupant un grand nombre de fidèles, un grand réservoir d’électeurs, les forces politiques rivalisent d’ingéniosité pour élargir leur électorat à travers des gestes de séduction auprès des responsables des milieux religieux. Ainsi la présence du président Yayi Boni et du candidat désigné de l’Union fait la Nation (« Un »), Me Adrien Houngbédji à la cérémonie d’intronisation du nouveau chef de l’Eglise du christianisme céleste à Porto-Novo et au pèlerinage à la grotte mariale de Dassa est pleine de sens. D’ailleurs aucun acte n’est gratuit en politique. Et ces adversaires politiques ne lésineront plus sur les moyens pour mettre en exergue leurs relations avec les milieux religieux pour en tirer profit. D’autres exemples illustratifs restent encore vivaces dans l’esprit des Béninois. Adrien Houngbédji était en effet en union de prière avec les fidèles musulmans de la grande mosquée du quartier Jak à Cotonou, le 29 août 2010. Le leader des Tchoco-tchoco était aussi à Savalou de même que le président de la Boad, Abdoulaye Bio Tchané dans le cadre de la célébration de la fête de l’Igname. Les suffrages de l’électorat religieux béninois doivent donc être aussi déterminants sur l’échiquier politique national pour susciter un tel engouement. A quelques mois des présidentielles de 2011, l’imbrication de la religion et la politique au Bénin vient une fois encore de se révéler au grand jour.

Les roueries politiques, causes de déstabilisation du champ religieux

Mais les lieux de culte qui constituent en temps normal des places de recueillement et de « rencontre avec Dieu » ne devraient pas servir de propagande politique. Les responsables religieux se doivent d’éviter ces tentatives de manipulations pour ne pas tomber dans le piège des vendeurs d’illusions. Ils doivent se montrer très prudents, car la religion reste par nature un canal assez puissant pour atteindre un électorat, qui plus est, celui béninois encore majoritairement analphabète. Les batailles, les roueries et les intrigues politiques ne doivent pas être transposées, si cela ne l’est pas encore, au cœur de cette institution très sensible à laquelle sont attachés les Béninois. Un tel chamboulement du champ religieux national ne peut éviter des déchirements ethno-religieux. Ce qui pourrait compromettre l’unité nationale encore fragile. La responsabilité des politiques et la vigilance des religieux sont plus que jamais nécessaires pour que le Bénin ne soit confronté à un tel scénario.

Allégresse Sassé(Coll)

Publié dans Décryptage

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