De la vieille classe politique à la vieille classe syndicale

Publié le par Vitalp

Un émergent, savez-vous ce que c’est ? Quelqu’un qui reprend les mêmes conneries et qui cale toujours. Après l’épisode de la vieille classe politique, le tour de la vieille classe syndicale. Parce qu’ils ont osé défier le grand prêtre du Changement, ils doivent disparaître. La fatwa présidentielle prononcée lors de l’interview 1er août 2009 du chef de l’Etat suffisait à lâcher les chiens. En voyant les gars de l’Inspection générale de l’Etat franchir le seuil de la bourse du travail de Cotonou, Azoua, Todjinou, Lokossou, Kakaï Glèlè et consorts devraient logiquement se remémorer Yayi sur le plateau de la télévision nationale se préoccuper de la « panne » de démocratie au sein des organisations syndicales. La visite de Alidou Koussey n’est que la traduction en acte des désirs présidentiels. Personne n’a encore oublié la tirade d’un ancien zélé du gouvernement, Alexandre Hountondji en réaction à une attaque de l’ancien président de la République et maire de Cotonou, Nicéphore Soglo contre le président Yayi sur Rfi : « Nous allons envoyer l’Ige à la Mairie de Cotonou et on va voir ». Quelques jours plus tard, Alidou Koussey a été vu du côté de Wologuèdè.

Cela coule de source que la préservation des intérêts du contribuable fait partie des derniers soucis de la Marina. Le dessein clairement affiché est la disparition de la génération de syndicalistes qui a organisé la marche de protestation du 30 juillet 2009 et a cautionné tout le déballage sur le scandale de la Cen-Sad malgré le vœu exprimé du docteur-président d’imposer le silence à tout le monde autour de cette plaie immonde du Changement. Un scénario déjà vu sur la scène politique avec l’émergence des « adolescents politiques » envoyés à l’assaut de la vieille classe. Avec le résultat que l’on sait : G4, G13, Force Clé. Un rouleau compresseur qui a contraint le docteur-président à museler sa jeune garde inexpérimentée et à recourir à des fossiles datant de la période révolutionnaire. Une parade dont on attend la preuve de l’efficacité en 2011.

Malgré les revers enregistrés chez les politiques, la Marina remet sa rhétorique de génération spontanée, cette fois-ci en milieu syndical. Il a suffit d’un débat télévisé sur Canal 3 pour montrer que l’opération est très très mal engagée. En un tournemain, celui qui pouvait faire office d’alternative à la vieille garde s’est vu littéralement pulvérisé. Face à Todjinou et Lokossou, Théophile Dossou a dû faire le dos rond afin d’éviter de se faire écraser. Avec un tel handicap de départ, il faut plus que le coup de pouce de l’Ige pour renverser la tendance et faire installer à la bourse du travail des exécutifs de centrales syndicales idéologiquement conformes aux vœux du régime. Contrairement aux partis politiques, les centrales existantes n’ont pas attendu l’assaut d’une prétendue génération spontanée instrumentalisée avant de sonner le rassemblement et la communion.

Yayi mérite logiquement la palme de la démocratisation en s’inquiétant de la transparence au sein des organisations des travailleurs. Son astuce consistant à inciter la base à se rebeller contre les « retraités » qui gèrent leurs intérêts est d’une originalité certaine. Les émergents s’attaquent à une citadelle habituée à la lutte et la vindicte. Nul en dehors des syndiqués ne peut influer sur l’ordre établi. L’Ige n’est pas un syndiqué et n’a aucun intérêt à une action contre les dirigeants. La norme en matière de comptabilité est l’unicité de caisse ; ce qui n’admet pas une distinction entre les subventions accordées et les autres ressources internes de l’organisation. Le rapport de l’Ige demeure des indications au gouvernement sur la pertinence de ces appuis aux syndicalistes.

La vieille classe syndicale a la peau dure…

Rédigé le 14 août 2009

Publié dans Décryptage

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