Logique de paix

Publié le par Vitalp

 

L’initiative Zinsou est en marche. Dans l’obscurité pesante qui propose les ténèbres à la République, la lanterne du patriarche apporte la lumière et fait naître l’espoir. Sous la bénédiction de l’ancien président de la République, le rendez-vous de la paix n’a accouché ni d’un monstre ni d’une calamité. L’enjeu a vertueusement rendu fécond le dialogue et libéré les esprits. On redoutait le triomphe du mal sur le bien, la domination de l’instinct et l’étouffement de la raison. Mais la table a dégagé des ondes positives qui ont inspiré les négociateurs.

"Le génie béninois est à l’œuvre " se félicite Amos Elègbé, conseiller spécial aux affaires politiques du Chef de l’Etat, un des barons du régime. Plus de vingt ans plus tôt, le professeur Albert Tévoèdjrè proclamait la mort de la fatalité. Sous la menace de l’impasse et du pire, les fils du pays ont sorti la carte du compromis pour sauver la République. L’affreux destin véhiculé dans les querelles politiciennes laisse le scrutin maculé de doute.

Sous l’effet de la double sagesse Zinsou et Soglo, on a recours à "l’art de couper le gâteau de telle manière que chacun pense avoir la plus grosse part ". La métaphore du compromis dispensée par l’ancien Chancelier allemand Ludwig Erhard colle à l’entame de cet épilogue de la crise. Le goût prononcé pour les concessions mutuelles, facteur de la pratique de compromis, a abouti aux signaux de dégel. L’arbre du compromis porte ses fruits et semble endiguer l’escalade avec des résolutions fécondes. L’idée d’une loi pour corriger les insuffisances de la Lépi et le recours à des experts nationaux et internationaux recollent le bon sens et les vaisseaux du bien. La thérapie suggérée pour l’exclusion vise à panser les plaies. Le geste envers les électeurs jetés à la poubelle attise l’apaisement. Ils seront récupérés sous l’idéal parapluie du consensus.

La paix a du soutien. La volonté commune de ne pas couler dans l’impasse sert de ressort à l’espoir. Les avancées majeures comptabilisées sur le chemin de la paix marquent les esprits. La politique a pris l’ascenseur de la bonne foi et de la paix. Le saut pudique des acteurs impliqués dans l’élection présidentielle fait abréger les souffrances morales de la nation, torturés par de grosses incertitudes au firmament électoral. Le Bénin, pays havre de paix, peut toujours compter sur ses hommes de paix.

Le refus de l’enlisement de la mouvance et de l’opposition ne faiblit pas devant le choc des intérêts et les dégâts de la Lépi orageuse. Il est heureux que les camps rivaux s’offrent la paix comme dénominateur commun et la marque de l’existence. L’impératif catégorique kantien, "agir de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle de la nature ", doit guider les actes en ce temps embrumé qui a enrhumé la quiétude. "De votre sang, qui est votre propre vie, je demanderai compte… à tout homme : à chacun je demanderai compte de la vie de son frère " (Gn 9,5). On ne se lassera pas de citer ces écrits saints à l’heure de la tension brûlante.

Le O6 Mars est proche et le 06 Avril s’annonce pour un mois électoral qui quémande le parrainage de la paix. La logique de l’impasse s’éloigne progressivement sous la flagellation du patriotisme des acteurs impliqués dans le processus électoral. Toute défaite de la paix enfantera un président mal élu. Epousons la paix et répudions le mal.

Mais il y a une nouvelle volonté qui influencera la marche vers la paix. Elle sera dictée par l’urgence de la mise en œuvre des principales décisions prises à la table de négociation. Le règlement de la question de l’exclusion et le succès de l’audit de fichier électoral par une expertise nationale et internationale défient ou rachètent le temps.

Le désespoir est chassé par le chant lexical de la paix livré aux bons soins des déclarations des négociateurs : on parle de mettre la balle à terre, de tempérer les émotions, de sauver l’intérêt de notre pays, de solution consensuelle ou encore de cette formule qui nous ôte le fardeau de nos soucis : " N’ayez pas peur !". L’envie incandescente de vaincre le diable consume toute rhétorique effrayante. Il faut à tout prix sauver la paix, mise en péril par la lutte pour le pouvoir. A tout prix.



25-02-2011, Sulpice O. GBAGUIDI

Publié dans Chronique

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