Le refrain des primes

Publié le par Vitalp

Le secteur de l'éducation nationale épouse à nouveau des mouvements de rue et se plie à des menaces de paralysie. Le sit-in des Travailleurs administratifs, techniques et de service de l'éducation nationale (Syntratsen) fait son boucan. L'émancipation effrénée de nos syndicalistes dans les débrayages ne permet pas de dévaler la pente des turbulences sociales. Le Syntratsen remue le panier à primes et sort ses griffes. Comme un effet de masse, le syndicalisme se dresse sur ses ergots. Ce n'est pas Paul Essè Iko qui sonne cette fois-ci la cloche de la grève et hisse le mécontentement au sommet du mât, mais les travailleurs des trois ministères en charge de l'éducation.

L'abrogation des arrêtés interministériels portant octroi de la prime exceptionnelle de motivation a moulé les nerfs de nos syndicalistes dans les veines de l'exaspération et augmenté le volume des plaintes. Le Syntratsen exige entre autres la poursuite du paiement des différentes primes obtenues de hautes luttes et budgétisées dans le secteur de l'éducation depuis 1999 et le paiement sans délai et l'augmentation de la prime de la rentrée et autres. Et sur un palier plus élevé, le Syntratsen réclame la démission pure et simple de tous les ministres en charge de l'éducation qui " enseignent à leur chef la violation des textes en vigueur en République du Bénin ".

Ainsi, les revendications de primes sont assorties de requête à saveur politique concernant des têtes de ministres mises à prix. La grogne syndicale répand ses envies. Au chapelet de revendications, répond la promesse de " bonne relecture " du ministre Zacharie Félicien Chabi. Mais une évidence s'installe sur les rails du wagon des primes : le pouvoir du changement a du pain sur la planche. Les partenaires sociaux tardent à décolérer depuis la prise des mesures de suspension des primes. La révision à la hausse des primes soulevée par le Syntratsen dans sa fosse à revendications soumet l'opinion à une évolution fatale des démêlés de primes sur fond de position tranchée, rendue utopique par le contexte économique difficile. L'Etat peut-il continuer à payer les cargaisons de primes revendiquées tous azimuts ? En décidant de couper la bourse aux primes et de sevrer les travailleurs, le pouvoir du changement a mis à nu son impuissance à faire face à ce genre de charges. Il pourrait faire les frais des soubresauts de l'opinion avec des syndicalistes qui n'hésiteront pas à enfoncer leurs luttes dans les amalgames pour aiguiser l'indignation populaire. Boni Yayi a le mérite d'avoir le courage de vite plier à la réalité en s'offrant une mesure délicate et impopulaire de suspension de prime. Reste seulement à convaincre de sa bonne foi et de la nécessité de cadenasser le robinet des primes en réduisant conséquemment le train de vie de l'Etat. Car la chasse aux primes se fait sur fond de violents réquisitoires contre les dépenses dans le cercle gouvernemental. Le secteur de la santé n'a pas achevé sa révolte pour ses droits acquis de primes. Les séquelles de l'opération " hôpital mort " sont indélébiles et les victimes de la grève des primes s'empilent dans nos atroces souvenirs.

Le Syntratcen courroucé embouche la trompette des primes et prévient des déconvenues qu'engendrerait la non satisfaction de ses revendications. Les autorités des ministères de l'éducation sont sur la sellette. Le Syndicat des travailleurs administratifs, technique et de service de l'éducation nationale annonce les couleurs en attendant l'entrée en danse des syndicats enseignants pour leurs traditionnelles revendications. Le ciel est nuageux. Au gouvernement d'utiliser le noble instrument de dialogue pour avorter l'offensive syndicale du Syntratsen qui joue la symphonie en vogue des primes.

Publié dans Politiques

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