Auto proclamation : Adrien Houngbédji dans la logique guerrière

Publié le par Vitalp

C’est de l’une de ses villas cossues située sur la route de l’aéroport à Cotonou que Me Adrien Houngbédji s’est autoproclamé hier 21 mars président de la république suite à l’élection dont le premier tour a eu lieu le 13 mars dernier. «J’ai gagné cette élection. Je suis le Président élu des Béninois », a-t-il d’emblée affirmé dans une déclaration lue devant un parterre de journalistes triés sur le volet et de quelques cadres de l’Union fait la nation, la coalition de partis qui ont soutenu sa candidature à ce scrutin.
Me Adrien Houngbédji intervient le jour même où la Cour constitutionnelle a annoncé les résultats provisoires, sous réserve des recours éventuels de la part des candidats. Selon ces résultats, Yayi Boni, l’actuel chef de l’Etat est donné gagnant du scrutin par 53% des suffrages contre 35% pour Me Adrien Houngbédji. Ces résultats sont pratiquement la confirmation des tendances publiées par la Commission électorale nationale autonome (Cena) quelques jours auparavant, tendances qui écartaient la possibilité d’un second tour de l’élection.
« Jamais je n’accepterai ces résultats. Je les rejette comme nuls et non avenus. Ce combat n’est pas celui d’un homme. A l’étape actuelle de mon existence, il s’agit pour moi de servir de défendre des valeurs qui nous sont chères, ce combat est celui de notre peuple contre la liquidation programmée de la démocratie», a martelé Me Houngbédji hier lors de son discours d’auto intronisation.
Cette menace est la suite logique des manœuvres déjà entreprise par l’homme depuis la fermeture des bureaux de vote le 3 mars dernier. Ainsi, peu avant l’intervention du président de la Cena, Me Adrien Houngbédji avait déjà écarté toute victoire de son adversaire dès le premier tour. Il avait, chiffres à l’appui, affirmé qu’il y en aurait un second. Il affirmait alors avoir obtenu 46% des suffrages contre 44 pour Yayi Boni. Quelques jours plus tard, dimanche 20 mars, il avait publié de nouveaux chiffres qui lui donnaient49%. Et, contre toute attente, il se déclare élu le lendemain, sans toutefois donner le score par lequel il a obtenu la victoire dont il s’attribue.
La constitution accorde cinq jours aux candidats pour éventuellement formuler des recours à partir du jour de la proclamation des résultats provisoires par la Cour. Aussi, s’attendait-on à ce que Me Adrien Houngbédji utilise cette voie légale pour dénoncer des fraudes et irrégularités qu’il avance pour justifier la victoire qu’il réclame. La Cour a jusqu’à 29 mars pour statuer et valider définitivement les résultats. N’ayant pas choisi cette voie, la démarche semble plutôt proche d’une tentative de coup d’Etat civil.
La possibilité d’un tel coup d’Etat était d’ailleurs déjà dénoncée par le camp présidentiel peu avant la tenue du scrutin le 13 mars. En effet, l’opposition, voyant son échec électoral futur, usait de méthodes dilatoires pour repousser indéfiniment le premier tour de cette élection, dans l’objectif de conduire le pays à un vide constitutionnel propice à des troubles. Le premier responsable de Fors-Lepi, cerveau pensant de l’Union fait la nation, avait explicitement demandé au président Yayi Boni de démissionner le 6 avril pour laisser le soin à une autre personnalité d’organiser le scrutin. Le chef de l’Etat avait dû user de son autorité pour imposer l’organisation de cette élection à bonne date.

 

BeninActu

Publié dans Politiques

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